Outre la grande longévité de sa carrière (des années 1930 à sa mort), Henri Salvador est un personnage marquant de la musique. Ses chansons populaires restent fredonnées par des générations de Français : «Syracuse» ; «Maladie d’amour» ; «Le Loup, la Biche et le Chevalier» (Une chanson douce) ; «Dans mon île» ; «Le Travail c’est la santé» ; «Zorro est arrivé». Avec Sacha Distel, ce sont les deux seuls chanteurs de variété à figurer dans le Dictionnaire du Jazz. (Régis Dufour Forrestier)
Henri (Gabriel) Salvador nait le 18 juillet 1917, à Cayenne (Guyane). Son père Clovis et sa mère Antonine Paterne, fille d’une indienne caraïbe, sont tous deux natifs de Guadeloupe.
Le 16 août 1929, à l’âge de 12 ans, il débarque du paquebot «Pérou» au Havre en compagnie de toute sa famille. Il a une sœur, Alice, et un frère, André, avec lequel il chante en duo au début de sa carrière, et avec qui il fait les beaux jours du Jimmy’s à Paris et à Biarritz.
Son frère André Salvador est Grand prix du Disque 1947 pour Hey-ba-ba-re-bop avec l’orchestre d’André Ekyan. En 1933, il obtient ses premiers engagements dans des cabarets parisiens. Ses talents de musicien mais aussi d’humoriste le font connaître et apprécier du public.
En 1935, il joue au Jimmy’s Bar, cabaret renommé de l’époque. Django Reinhardt l’engage alors comme accompagnateur. En 1941, il fuit la France où la guerre s’étend. Il n’y reviendra qu’après la capitulation de l’Allemagne.
De décembre 1941 à décembre 1945, il fait partie de l’orchestre de Ray Ventura lors de son séjour en Amérique du Sud – Brésil, Argentine, Colombie, Uruguay, etc. Il y exerce ses talents de guitariste-chanteur et de comique avec une imitation de Popeye.
C’est là qu’il connaît son premier succès personnel, « sauvant » la première soirée de l’orchestre de Ray Ventura au casino d’Urca (Rio de Janeiro) par son imitation de Popeye puis l’interprétation de Maladie d’amour.
Il participe en 1949 au film Nous irons à Paris de Jean Boyer aux côtés de l’orchestre de Ray Ventura, des Peter Sisters, de Martine Carol et d’autres vedettes de l’époque. En 1949, il obtient le grand prix du disque de l’Académie Charles-Cros et passe à l’ABC, le temple des music-halls parisiens, dans la revue de Mistinguett Paris s’amuse.
C’est là qu’il rencontre Jacqueline, qui devient son épouse et son imprésario. Par la suite, devenu chanteur, il fait toujours en sorte de combiner sur ses albums chansons très fantaisistes et chansons douces.
Sous le pseudonyme d’Henry Cording, il chante, en 1956, les premières chansons de rock’n’roll en français, écrites par Boris Vian et composées par Michel Legrand, et par lui-même (Rock Hoquet). Il s’agit en fait de parodie de ce nouveau style de musique venu d’Amérique.
Parallèlement il enregistre un 45-tours à la guitare jazz intitulé «Salvador plays the blues». Sa carrière prend un tournant déterminant dans les années 1960. Dans les émissions de variétés de Maritie et Gilbert Carpentier, il interprète des chansons humoristiques. Celles ci le consacrent comme chanteur populaire : «Faut rigoler, Zorro est arrivé, Juanita Banana, Le travail c’est la santé», etc.
Il obtient même, en première partie de soirée, sa propre émission intitulée « Salves d’Or », qui connaîtra plusieurs éditions. En 1975, il participe au conte musical «Émilie Jolie», écrit par Philippe Chatel. Il y incarne le conteur et interprète trois chansons, dont l’une avec Françoise Hardy et Émilie Chatel.
Certains de ses innombrables succès seront repris par d’autres artistes. Ainsi, «Le loup, la biche et le chevalier» est repris par Enzo ou Thierry Gali, à destination du jeune public.
Après la mort de son épouse Jacqueline survenue en 1976, Henri Salvador se remarie en mai 1986 avec Sabine Elisabeth Marie-Chantal. Sa carrière connait une éclipse dans les années 1980 et 1990. Il passe même alors auprès des jeunes pour un musicien « ringard » et la télévision ne le montre plus.
Le chanteur se consacre alors surtout à la pétanque dont il est un joueur de haut niveau. Il publie un album de bande dessinée sur le sujet, «Passion… Pétanque», et invente même des boules. En 2000, Keren Ann et Benjamin Biolay lui offrent l’occasion de revenir au sommet avec son titre : «Jardin d’hiver».
Il participe aussi au doublage de films d’animation, en 1990 ; c’est le crabe «Sébastien» dans La petite Sirène, des Studios Disney. En novembre 2001, il épouse la productrice de télévision Catherine Costa.
Parolier pour de nombreux artistes, notamment pour Régine, Sheila, il a fait connaître au grand public Keren Ann. Plusieurs musiciens, comme Laurent Voulzy, Gabriel Yared, Eddy Mitchell et Art Mengo, ont composé pour lui. Son dernier album, intitulé «Révérence», sort fin octobre 2006.
Il met fin à sa carrière au Palais des congrès de Paris, le 21 décembre 2007. Il meurt le 13 février 2008, d’une rupture d’anévrisme à son domicile, place Vendôme (Paris), à 90 ans.
Sa dernière émission enregistrée est celle de Laurent Baffie sur Europe 1, quelques jours avant sa mort et diffusée le dimanche 10 février 2008. Ses obsèques ont eu lieu le 16 février 2008 en l’église de la Madeleine à Paris. Il repose avec sa première épouse.
Sources : Wikipedia. Date de création : 2008-10-16.