ROTMAN Michel, dit BETHEL (1943-2024)
France

Michel Rotman voit le jour à Roumazières Loubert (Charente), le 5 septembre 1943. Son père, Salomon Rotman, d’origine juive roumaine, est médecin et sa mère enseignante. Avec les lois anti-juives de Vichy. Son père doit céder son cabinet et, souhaitant rejoindre Londres, il passe avec sa famille en zone libre.

Arrivés en Charente, à Roumazières, ils sont accueillis par Jean Audouin et son épouse – aujourd’hui Justes parmi les nations. Les Audouin les hébergent et c’est là que nait Michel. Son père devient « Jean Mützig » et aménage un poste de soins en campagne pour les maquisards.

Plus tard il quitte le maquis de Chabannes pour celui de Georges Guingouin, avec lequel il participe à la libération de Limoges. Puis engagé volontaire dans les FFI comme médecin militaire, il prend part, en 1945, à la libération de la poche de Saint-Nazaire.

Dès le lycée, Michel est un militant anticolonialiste, contre la Guerre d’Algérie. Externe à l’hôpital de Saint-Cloud, en 6e année de Médecine en 1968, il obtint son doctorat de médecine l’année suivante. Militant et dirigeant de la Jeunesse Communiste Révolutionnaire (JCR), avant 68, il adhère à la nouvelle organisation à la Quatrième Internationale (Cahier Rouge n°8-9, 1969) et se fait appeler Bethel.

Il prend alors une part active à l’organisation du premier congrès de la Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR). Celui ci se tient à Mannheim (Allemagne), les 5-8 avril 1969, dans le but de déjouer la surveillance des policiers français. Cette implication importante est remarquée par la police. Aussi, il est contrôlé à Paris le 6 juin 1969 au volant d’une estafette bleue, louée, pour transporter banderoles et matériel lors d’une manifestation d’étudiants.

Il représente la LCR à la direction (Comité d’initiative) de Paris du Secours rouge.

Son installation comme médecin libéral en 1973 ne freine pas son engagement politique. Membre du Bureau Permanent de la LCR, ses camarades confient la trésorerie à ce militant «toujours calme, doté d’un contact facile, d’une grande culture politique» (Krivine, 206, p.162).

Familier des milieux artistiques, c’est lui qui met en contact Alain Krivine avec Michel Piccoli. Ce dernier se porte garant de l’emprunt que fait la LCR pour monter son imprimerie, Rotographie. Ne manquant pas de «culot» ni de sens politique, contre les réticences de certains comme Henri Weber, c’est lui qui a l’idée de présenter Alain Krivine aux élections présidentielles de 1969 (Weber, 2018, p.158), des élections anticipées rendues nécessaires du fait de la démission du Général de Gaulle.

Militant exposé, le 3 juillet 1971 il est victime d’un cambriolage. Son appartement est fouillé et des dossiers disparaissent (Charpier). Il écrit aussi des articles pour l’hebdomadaire Rouge, comme « Le Vietnam et la coexistence pacifique » (Rouge n°168, 29 juillet 1972) ou « Le PCF 50 ans après sa création » (Rouge n° 92, 14 décembre 1970).

En janvier 1976, il scrute l’évolution d’un Parti Communiste Français en train d’abandonner sa référence à la dictature du prolétariat. Enfin, comme beaucoup d’autres dirigeants de la LC, c’est un des 91 candidats de la Ligue aux élections législatives du 4 mars 1973, dans la 1ère circonscription de la Somme, à Amiens (Rouge n° 184, 16 décembre 1972).

À la fin des années 1970, il change de vie progressivement. Il cesse d’exercer la médecine et devient producteur de films pour la télévision et le cinéma, créant la société Kuiv en 1979.

Parallèlement, considérant que la voie réformiste est sans doute plus efficace que la voie révolutionnaire pour faire progresser la société, il met fin à son engagement politique chronophage. De plus, le soutien de plus en plus affirmé de la LCR à la lutte armée des Palestiniens le pousse à ce désengagement.

Rapidement la société Kuiv se fait connaître par ses documentaires historiques et ses séries. Elle produit environ 60 films réalisés avec son frère Patrick, accueillis par France 2 ou par Arte.

Il meurt en 2024.

Films (comme producteur) :

  • Les Brûlures de l’histoire ;
  • Les Révolutionnaires du Yiddishland, co-écrit avec le militant de la LCR Gérard de Verbizier ;
  • Montand, d’après le livre de Patrick Rotman et d’Hervé Hamon ;
  • Johnny Hallyday. La France rock’n rol ;
  • Nijinski, une âme en exil ;
  • Le centenaire du Tour de France ;
  • Été 44 (2004), vu par 7 millions de téléspectateurs ;
  • Le grand Georges (2011) ;
  • La tragédie des Brigades internationales (diffusé en 2016 sur Arte) ;
  • François Mitterrand ou le roman du pouvoir, en 4 parties de 52 minutes, réalisé par son frère Patrick et par Jean Lacouture (2000) vu par 5 millions de téléspectateurs ;
  • De Gaulle l’homme du destin. 1940-44 (2014) ;
  • De Gaulle le dernier roi de France (2017).

Prix : prix du producteur français de télévision (2006).

Sources : ROTMAN Michel (Maitron). Date de création : 2025-06-10.

Photos

Monument

Inscriptions :

Josée ROTMAN, née JEUNEU, 1945-2020.
Michel ROTMAN, 1943-2024.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 12 juin 2025