ROCHEFORT Christiane (1917-1998)
France

Ecrivaine, auteure du « Repos du guerrier »

Une simple dalle de pierre, agrémentée d’un pittoresque éléphanteau, marque le dernier emplacement de l’auteur Christiane Rochefort. Discrètement égarée au cœur de la division, la sépulture de cette talentueuse romancière semble exhiber ce mammifère dans le seul but de tromper « énormément » la vigilance de ses admirateurs. (Régis Dufour Forrestier)

Elle arrive tardivement à l’écriture après avoir exercé divers métiers dont celui d’attachée de presse pour le festival de Cannes. Ce n’est qu’à l’âge de quarante et un ans qu’elle obtient son premier succès littéraire avec «Le Repos du guerrier». C’est un récit enduit de souffre dans lequel se dessinent déjà les traits de la combattante avant-gardiste et anticonformiste.

Roger Vadim adapte l’œuvre au cinéma. Puis il octroie le rôle principal à sa voluptueuse épouse, Brigitte Bardot, au grand dépit de l’auteur. Trois ans plus tard, les mêmes cris d’orfraie qui accompagnèrent la bataille d’Hernani accueillent la parution de «Les Petits enfants du siècle».

Cet ouvrage met en exergue le langage acerbe et les mœurs indociles de la nouvelle génération issue des grands ensembles de la banlieue parisienne et fruit de la politique nataliste. La réputation de Christiane Rochefort d’écrivaine contestatrice est dès lors affermie.

Dans son troisième roman intitulé «Les Stances à Sophie» parait en 1963. Christiane Rochefort y met à bas l’institution du mariage qu’elle pressent comme «une consécration totale à la vie domestique, avec service de nuit». Moshé Mizrahi en 1970 adapte cette œuvre au cinéma.

«Une rose pour Morrison» parait en 1966. C’est une véritable diatribe contre la morale étriquée de son époque. Toutes les récriminations de la jeunesse de 1968 y sont déversées. Avec «Printemps au parking» publié en 1969, Christiane Rochefort démonte le tabou de l’homosexualité masculine. Elle signe là ses plus belles pages.

Dans «Archaos ou le jardin étincelant», en 1972, elle évoque pour la première fois l’inceste. Ce thème de l’enfant privé de parole, de l’innocence bafouée par l’adulte corrompu et omnipotent, joue un rôle itératif dans la poursuite de son dessein didactique. On le retrouve sous une autre forme dans «Encore heureux qu’on va vers l’été», en 1975.

En 1982, Christiane Rochefort publie l’étrange «Quand tu vas chez les femmes» dont le titre est un emprunt nietzschéen très significatif. Six ans plus tard, elle remporte enfin un grand prix littéraire – le Médicis – avec «La Porte du fond». C’est un émouvant récit sur l’inceste narré à la première personne du singulier.

À quatre-vingt ans, elle publie encore «Adieu Andromède» et enfin «Confessions sans paroles», un texte impétueux dédié à sa mère. En disparaissant le 24 avril 1998 au Pradet, cette petite femme grêle laisse la trace d’une inlassable protestataire. Sa plume acidulée et admirable a stigmatisé pendant quatre décennies le conservatisme, les préjugés et l’injustice contre les femmes et surtout contre les enfants.

Sources : -. Date de création : 2005-09-14

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Monument

La sépulture est ornée d’un éléphanteau en pierre, de facture inconnue.

Inscriptions :

Christiane ROCHEFORT, écrivain.

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Date de la dernière mise à jour : 1 juin 2023