RENOOZ Céline (1840-1928)
Belgique

gravure anonyme dans Henry Carnoy Dictionnaire biographique international des écrivains, 1909, p245
Une féministe pas banale

Céline Renooz voit le jour le 7 janvier 1840, à Liège (Belgique). Sa mère est parisienne. Son père, Emmanuel Nicolas Renooz, est un notaire qui joue un rôle important dans la Révolution belge de 1830. Ses opinions ouvertement libérales ont une forte influence sur sa fille.

Après un mariage mouvementé et la naissance de quatre enfants, Céline Renooz quitte son mari, Muro. Elle commence alors une carrière prolifique dans l’écriture et l’activisme féministe. Elle publie du journalisme polémique et plus d’une douzaine de volumes sur des sujets sociaux et scientifiques.

Dans une série de livres, de conférences, d’articles et de correspondance, elle plaide pour la démolition des structures patriarcales et ce qui opprime les femmes. Sa philosophie, connue sous le nom de « néosophisme », décrit une approche alternative de la science, non dominée par les hommes.

Sa philosophie synthétise et adapte les idées de théoriciens contemporains, dont Patrick Geddes, John Arthur Thomson et Johann Jakob Bachofen.

Elle écrit son premier livre, L’origine des animaux (1883), en réponse à L’Origine des espèces de Charles Darwin. Céline Renooz décrit la théorie de Darwin comme non scientifique, plaidant plutôt en faveur d’une théorie de l’évolution basée sur l’embryologie.

Pour elle, les racines des ancêtres de l’humanité se trouvent dans le règne végétal et, plus particulièrement, la fève famille. C’est un concept peut-être influencé par Ernst Haeckel. Dans sa théorie, la tête humaine correspond à la motte de racines d’une plante, et le corps à la tige et aux branches.

Elle rejette l’idée de la sélection naturelle dans l’évolution humaine. Elle explique que sa théorie lui est venue dans un éclair.

En 1888, Céline Renooz fonde un journal, La Revue Scientifique des femmes, dédié à la refonte de la méthode scientifique en la combinant avec une compréhension féministe. Elle écrit dans l’éditorial du premier numéro :

« C’est à la femme qu’incombe cette tâche. C’est elle, à l’aide de cette faculté, l’intuition, pour laquelle les hommes, même les plus injustes, la reconnaissent, qui doit rendre au monde la lumière qui régénérera la vie intellectuelle disparue, la morale disparue, la foi en vérité suprême, l’enthousiasme pour les grandes et saintes causes. »

Elle publie les trois volumes de La Nouvelle Science, en 1890. Le premier volume, La Force, trace un nouveau cadre pour la compréhension de la physique, avec une attention particulière portée à l’évolution stellaire et à la formation du carbone.

Elle décrit l’oxygène comme la puissance physique et spirituelle principale de l’univers, engagé dans un conflit avec l’azote « mauvais ennemi ». Le deuxième volume est Le Principe générateur de la Vie et le troisième, L’évolution de l’Homme et des Animaux.

Elle continue à remplacer le corpus conventionnel de connaissances scientifiques par de théories intuitives, démarche qu’elle qualifie de « néosophisme ».

En 1892, Céline Renooz apprend que la Société de Physiologie doit tenir son deuxième congrès annuel dans sa ville natale de Liège. Elle contacte le directeur de la conférence et organise une conférence sur ses théories évolutionnistes. C’est la seule femme présente face à deux cents universitaires.

Contrairement à sa conférence précédente à la Sorbonne, sa présentation à Liège est un franc succès. Forte de sa présentation, on l’invite à contribuer au journal L’indépendance Belge. Elle retourne en Belgique en 1893. Elle y donne deux conférences à Bruxelles, l’une sur l’évolution et l’autre sur la physiologie comparée des hommes et des femmes.

Au cours des vingt années suivantes, elle donne de nombreuses conférences à Paris sur des sujets liés au néosophisme.

Céline Renooz se ridiculise à nouveau, en 1897. Elle publie, en effet, dans Le Matin un article sur l’expédition ratée en ballon dans l’Arctique. Elle attribue l’échec de l’expédition aux vents polaires qui, selon ses théories sur l’oxygène qu’elle a exposées dans La Nouvelle Science, rendent impossible la découverte polaire.

Les réponses dédaigneuses publiées à son article vont de la simple satire à la contradiction fondée sur des preuves, comme la réfutation du géographe Élisée Reclus.

Pendant l’affaire Dreyfus, Céline Renooz est dreyfusarde, affirmant que Dreyfus et elle-même sont rejetés et injustement traités par la société. Entre 1890 et 1913, elle travaille sporadiquement à une autobiographie, Prédestinée : l’autobiographie de la femme cachée, qui n’est jamais terminée ni publiée.

En 1897, elle fonde une société, la Société Néosophique, pour aider à lever des fonds pour publier ses livres. Céline Renooz meurt à Paris, le 22 février 1928.

Sources : Wikipédia. Date de création : 2022-01-14.

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Date de la dernière mise à jour : 14 janvier 2022