Claire Elisabeth Jeanne Gravier de Vergennes, dite Clary, voit le jour à Paris, le 5 janvier 1780. Elle ne descend pas du grand ministre mais de la branche aînée de sa famille. Son grand père, le premier marquis de Vergennes, a été ministre en Suisse en 1777 et ambassadeur de France.
Son père a épousé Adélaïde Françoise de Bastard, dont le père a pris une part active au coup d’état de Maupeou, qui aurait pu sauver la monarchie. Sans avoir prévu ni désiré la Révolution, de Vergennes n’émigre pas et n’en voit pas la nécessité. Il est arrêté à Paris avec son fils et ils finissent ensemble sur l’échafaud de Sanson, trois jours seulement avant la chute de Robespierre, le 24 juillet 1794.
Avec ses deux filles, Mme de Vergennes se réfugie à Saint Gratien, près de Montmorency. Le meilleur ami de la famille, Augustin Laurent de Rémusat les accompagne. Enfermé dans leur médiocre demeure, dans le dénuement proche de la misère, arrive ce qui doit arriver. L’ami tombe amoureux de la jolie Claire. Il l’épouse au début de 1796, quand elle vient d’avoir seize ans.
Augustin de Rémusat va de plus en plus souvent à Paris en quête d’un emploi. Amitiés et démarches portent leurs fruits, il entre au service du contentieux du ministère des Relations Extérieures, chez Charles Maurice de Talleyrand-Périgord. Parmi les relations du couple, figure une certaine Joséphine, veuve du général de Beauharnais, qu’épouse la même année le général Bonaparte.
C’est donc tout naturellement que Mme de Vergennes demande à sa puissante amie d’aider son gendre à améliorer sa situation. Elle rêve d’un haut poste dans l’administration. Mais le futur empereur cherche à réconcilier l’ancienne et la nouvelle France. Mme de Vergennes est à ses yeux, le type même de cette ancienne noblesse. C’est pourquoi, à la surprise générale, Augustin de Rémusat est nommé préfet du palais en 1802.
Peu après, Mme de Rémusat devient « Dame pour accompagner Madame Bonaparte », ce qui devient rapidement « Dame du palais ». Elle a alors vingt-deux ans. Sans être réellement jolie, elle possède de grands yeux noirs et des cheveux très bruns et des lèvres agréables. Bonaparte apprécie la jeune femme et se laisse aller à causer avec elle. Il lui fait quelques compliments et surtout la questionne.
Pendant sept années, de 1802 à 1809, Mme de Rémusat vit dans l’intimité de Napoléon. Mais la vive amitié et la confiance que lui porte Joséphine finissent par la compromettre, même aux yeux de l’Empereur. En 1809, le divorce impérial l’oblige à faire un choix, elle choisit la fidélité. Elle suit Joséphine à la Malmaison. L’influence de Talleyrand continue à s’exercer sur le ménage.
Donc rien d’étonnant, une fois Joséphine décédée, en mai 1814, que Clary et son mari rallient la cause monarchique. Mais l’empereur débarque à Golfe-Juan le 26 février 1815. Ce sont les Cent-Jours. Mais Augustin de Rémusat ne souffre pas des évènements.
Trois semaines après Waterloo, il devient préfet de la Haute Garonne. Dix-neuf mois plus tard, il passe préfet du Nord. Son épouse rassérénée, reprend à Lille le goût des travaux et de l’esprit. Elle entreprend alors la rédaction de ses Mémoires. Mais, elle n’a pas la possibilité de terminer son ouvrage, elle s’éteint dans la nuit du 16 décembre 1821.
On lui doit aussi, publié par les soins de son fils, Charles de Rémusat, une œuvre posthume Essai sur l’éducation des femmes. Celui ci obtient d’emblée un grand succès et vaut à la mémoire de son auteur une médaille d’or décernée par l’Académie Française.
Sources : Rémusat (Claire Elisabeth) Mémoires ; de Clermont-Tonnerre (François) La vie et les Mémoires de Mme de Rémusat, Les Amis de l’Histoire, Paris, 1968. Date de création : 2006-03-25.
