NISARD Maurice (1914-2000)
Tunisie

photo d'identité, fin des années 1980 - Source Maitron

Maurice Nisard voit le jour le 31 mars 1914, à La Goulette (Tunisie). Son père, juif tunisien, avocat, meurt en 1930. Sa mère est juive, d’une famille originaire de Livourne (Italie) installée depuis le 18ème siècle en Tunisie. Sa famille est peu pratiquante et lui est athée.

Atteint de poliomyélite, il en garde quelques séquelles. Élève du lycée Carnot, bachelier en 1930, il fait ses études de droit au Centre d’études juridiques de Tunis, dépendant de la Faculté de Droit d’Alger. Après avoir obtenu sa licence en 1934, il devient avocat et s’inscrit au barreau de Tunis.

Intéressé par la poésie, inscrit au Mouvement surréaliste, il vient à Paris en 1935 où il rencontre André Breton. Au contact avec la misère de la population tunisienne, il est attiré par le marxisme. Dans l’atmosphère du Front populaire, il adhère au Parti communiste dans le 9ème arrondissement.

Maurice Nisard devient rapidement secrétaire de sa cellule. Il trouve un poste de surveillant d’externat au lycée Voltaire à Paris. Il devint peu après le responsable de la propagande et le rédacteur en chef de l’agence officielle d’information de l’Espagne républicaine en France en 1937-1938.

Dans l’été 1939, Maurice Nisard revient en Tunisie. Après la déclaration de guerre, empêché de rentrer en France, il se réinscrit au barreau de Tunis. Il adhère au Parti Communiste Tunisien (PCT), en octobre 1939, devenu illégal. Il suit les consignes du PCT de s’engager dans l’armée française mais est refusé avec d’autres communistes.

En 1940, c’est l’un des organisateurs de l’évasion d’Ali Djerad, secrétaire du PCT interné à Maktar (Tunisie). En janvier 1942, Ferdinand Pauser, membre du bureau politique du PCT, sous la torture, livre son nom avec ceux de plusieurs militants communistes. Entré dans l’illégalité sous le pseudonyme de « Nicolas », jugé par le tribunal maritime de Bizerte le 18 mars 1942, on le condamne à mort par contumace.

Lors du débarquement allemand en Tunisie, le 14 novembre 1942, consécutif à l’arrivée des Américains à Alger le 8 novembre, la Résidence générale décide de libérer tous les prisonniers politiques, à l’exception des Destouriens. Maurice Nisard, le 15 novembre, encore dans l’illégalité, va remettre à la Résidence une lettre du PCT demandant la libération des Destouriens dans la perspective d’une « union nationale ».

Il devient peu après le secrétaire-adjoint du PCT. En 1948, après l’exclusion du secrétaire général Ali Djerad, Maurice Nisard, toujours secrétaire-adjoint, exerce de fait la responsabilité de secrétaire général. Organisateur du Comité tunisien des partisans de la Paix et de la Liberté, directeur du journal communiste L’Avenir de la Tunisie, il est toujours partisan d’un rapprochement avec le Néo-Destour.

En 1952, avec d’autres militants pour l’indépendance tunisienne, il est déporté successivement à Tataouine, Rémada, Borj le Bœuf puis emprisonné près de Tunis. C’est un des trois derniers libérés en juillet 1954. En avril 1956, lors du 5ème congrès du PCT, on lui retire la fonction de secrétaire adjoint. Mais il reste membre du bureau politique, responsabilité dont on le décharge, contre son gré, lors du congrès suivant.

En 1956, il reprend son métier d’avocat à la Cour de cassation de Tunis. Maurice Nisard apprend l’arabe pour pouvoir plaider et obtient une licence à la faculté de Tunis. Il obtient son doctorat en droit en 1968, avec une thèse sur « le droit international privé tunisien en matière de statut personnel ». Il prononce quelques conférences en arabe à la faculté de Tunis et à la Grande Mosquée.

En 1968, il vient en France où ses filles sont étudiantes. Il obtient un poste d’assistant à la Faculté de droit de Paris. Il réadhère au Parti Communiste Français à son arrivée. Naturalisé français en 1972, il est agrégé sur le contingent national en 1972. Puis, il devient professeur à la faculté de droit de Besançon en 1972-1973. Ensuite, il est maître de conférences, puis professeur à l’Université de Paris 13 et directeur de l’Institut universitaire de technologie de Villetaneuse en 1973.

Il enseigne le droit civil privé au département « Carrières juridiques » de l’IUT et à l’UFR de droit jusqu’à sa retraite en 1982. Jusqu’en 1988, il assure aussi un cours de Diplôme d’Etudes Approfondies sur le droit de la consommation.

Il collabore avec le comité central et le groupe parlementaire du PCF pour la préparation des projets de loi.  Il est, aussi, candidat aux élections législatives de 1986, sur la liste communiste en Seine-Saint-Denis.

Après avoir applaudi, lors d’un séjour à Prague, aux manifestations du printemps, fidèle à l’URSS, il approuve l’intervention militaire. Puis il soutient l’action soviétique en Afghanistan. D’accord avec les actions de Gorbatchev, il suit avec intérêt les propositions de « rénovateurs » et prend part à leurs travaux.

Bien que fortement déçu lors de l’effondrement de l’URSS, il ne remet pas en cause sa fidélité au PCF. Parallèlement, c’est aussi un des rédacteurs des statuts de l’appel des Cent pour la paix et il milite à l’association « Agir contre le colonialisme d’aujourd’hui ». En outre, il joue un rôle actif dans le Syndicat National de l’Enseignement Supérieur . Il est membre de la commission administrative nationale, élu sur la liste « Action syndicale ».

Maurice Nisard meurt le 2 décembre 2000, à Paris (12ème).

Sources : https://maitron.fr. Date de création : 2021-11-11.

Photos

Monument

Photos


Date de la dernière mise à jour : 29 novembre 2021