MARTIN du NORD Nicolas Ferdinand Marie Louis Joseph, comte (1790-1847)
France

Ministre des travaux publics, de l'agriculture et du commerce puis ministre de la justice et des cultes

Nicolas Ferdinand Marie Louis Joseph Martin, dit Martin du Nord, nait à Douai (Nord), le 29 juillet 1790. Après des études de droit à Paris, il devient  docteur en droit. C’est rapidement un brillant avocat au barreau de Douai. Il est plusieurs fois bâtonnier. Conseiller municipal, juge suppléant, vice-président des hospices de Douai, il se prononce pour la Restauration avec empressement. Mais celui ci est ensuite l’objet des railleries de ses adversaires politiques, car il se rallie à la monarchie de Juillet, dès le lendemain de la révolution de 1830.

Élu député le 28 octobre 1830 par le Nord, il siège dans la majorité conservatrice. Il ne tarde pas à en devenir l’un des membres les plus en vue grâce à ses talents oratoires. Il se fait remarquer lors de la loi sur la composition des cours d’assises et sur les déclarations du jury (6 janvier 1831).

Le 12 mars, c’est le rapporteur pour le projet de loi sur la procédure pour les délits de presse. Le 14 mars, il fait rejeter un amendement de Georges Humann qui propose d’appliquer à tous les travaux d’utilité publique du gouvernement les dispositions sur l’expropriation des propriétés privées.

Il est réélu le 5 juillet 1831 par le 5e collège du département du Nord (Douai) (91 voix sur 128 votants et 152 inscrits contre 35 à Honoré). Il doit alors rédiger un rapport sur la loi sur l’avancement dans l’armée (8 octobre). En février 1832, il présente le projet de loi autorisant la ville de Paris à émettre un emprunt de 40 millions.

C’est le rapporteur de la commission d’enquête chargée d’examiner les agissements de Kessner, caissier général du Trésor public qui a disparu en laissant un déficit de plusieurs millions. On l’accuse d’avoir atténué, voire couvert, certaines responsabilités. L’opposition le prend alors violemment à partie. Nommé avocat général à la Cour de cassation le 6 août 1833, il voit son mandat de député confirmé par ses électeurs (93 voix sur 109 votants et 151 inscrits). Il devient l’un des secrétaires de la Chambre des députés.

Il présente le rapport du projet de loi sur les associations adopté le 26 mars 1834. Le 5 avril 1834, il devient procureur général près la cour d’appel de Paris, en remplacement de Jean-Charles Persil, nommé garde des sceaux. Le 15 avril, le roi le désigne comme procureur général près la Cour des pairs, pour juger le procès des insurgés de Lyon (avril 1834).

Sa promotion dans la magistrature l’amène à se représenter devant ses électeurs. Ceux ci lui renouvèlent leur confiance le 10 mai 1834 (105 voix sur 170 votants). Il est également réélu lors du renouvellement général du 21 juin (109 voix sur 113 votants et 172 inscrits). Il devient vice-président de la Chambre des députés le 8 août 1834. En 1835, il est occupé par le procès des insurgés d’avril 1834. En 1836, il travaille sur ceux de l’attentat de Fieschi, de l’attentat d’Alibaud et du complot de Neuilly-sur-Seine.

Succédant au rapport de Girod de l’Ain, son réquisitoire dans le procès des insurgés d’avril occupe quatre séances. Il voyage en Suisse, lorsqu’on le rappelle à Paris pour devenir, le 19 septembre 1836, ministre des Travaux publics, de l’Agriculture et du Commerce dans le premier ministère Molé. Mais il est malade et il ne pourra remplir effectivement ce poste qu’à compter du 16 octobre.

À ce titre il s’occupe des premières concessions du chemin de fer. Il présente plusieurs projets de loi :

  • pour l’achèvement de routes royales, de ports maritimes, de canaux,
  • pour l’amélioration de diverses rivières navigables,
  • sur l’application exclusive du système métrique,
  • sur les vices rédhibitoires des animaux domestiques.

Martin du Nord fait lever la prohibition des fils de laine à l’étranger. Il fait aussi abaisser les droits sur les houilles étrangères. Parallèlement, il augmente les encouragements à l’agriculture. Il tente une réorganisation du conservatoire des arts et métiers. Martin du Nord crée aussi plusieurs bourses à l’École Centrale des Arts et Manufactures. Il conserve le même portefeuille dans le deuxième ministère Molé jusqu’au 30 mars 1839.

Ses électeurs du Nord lui renouvellent leur confiance les 29 octobre 1836, 4 novembre 1837 (116 voix sur 119 votants et 179 inscrits) et 2 mars 1839 (108 voix sur 129 votants). Réélu à la vice-présidence de la Chambre, il devient ministre de la Justice et des Cultes le 29 octobre 1840 dans le troisième ministère Soult. Il conserve ce poste jusqu’en 1847. Durant cette période, ses électeurs de Douai le réélisent, les 5 décembre 1840, 9 juillet 1842 et 1er août 1846.

Comme garde des sceaux, il se signale par deux circulaires aux procureurs généraux du 22 septembre 1841. La première concerne la rigoureuse exécution de la loi sur les associations illicites. La seconde vise les délits de presse. Ces deux circulaires sont vivement attaquées par l’opposition républicaine. Il présente les lois sur les ventes judiciaires des immeubles, sur la responsabilité des propriétaires de navires, sur les ventes aux enchères de marchandises neuves, sur la police de la chasse, sur le Conseil d’État et sur la restauration de la cathédrale Notre-Dame de Paris.

Martin du Nord s’occupe également de la réforme du régime hypothécaire. Il présente à la Chambre des pairs un projet de loi sur le noviciat judiciaire. Il prépare aussi une réforme du Code d’instruction criminelle. Comme ministre des Cultes, il mène avec succès de délicates négociations avec les Jésuites et avec le Saint-Siège. Le 15 janvier 1847, une ordonnance lui retire le ministère de la Justice pour « raison de santé ».

La rumeur publique y voit une destitution déguisée, qui aurait pour fondement, selon le «Dictionnaire des parlementaires», « certains faits scandaleux auxquels M. Martin (du Nord) aurait participé dans une maison interlope ».

Il meurt peu après, le 12 mars 1847, au château de Lormoy (Nord), officiellement d’une attaque d’apoplexie. Mais certains ont parlé de suicide.

Il repose avec son épouse, née Lefébvre (1806-1879), le vicomte Roger Martin du Nord (1848-1881) secrétaire d’ambassade, le comte Ernest Martin du Nord (1826-1885), son épouse née Julie Chaulin (1828-1912), le comte Maurice Martin du Nord (1853-1930), le vicomte Jean-Georges Martin du Nord (1853-1917) chef d’escadron de cavalerie et son épouse née Marie Rosalie de Cazaux (1863-1927).

Sources : Robert (Adolphe), Bourloton (Edgar), Cougny (Gaston) Dictionnaire des parlementaires français, 1789 1891, Bourloton éditeur, Paris, 1891. Date de création : 2008-05-18.

Photos

Monument

Inscriptions : Famille MARTIN du NORD

Ernest, comte MARTIN du NORD, né à Douai, le 18 avril 1826, décédé à Paris, le 9 avril 1885.
Julie Sophie CHAULIN,  comtesse MARTIN du NORD, née à Paris, le 3 mai 1828, décédée à Paris, le 31 mars 1912.

Nicolas Ferdinand Marie Louis Joseph, comte MARTIN du NORD député, garde des sceaux, ministre de la justice et des cultes, né à Douai  le 29 juillet 1790, décédé à Lormoy, le 12 mars 1847.
Jean Gorges Louis, vicomte MARTIN du NORD, chef d’escadron de cavalerie, né à Paris, le 28 mars 1833, décédé à Paris, le 12 juin 1917.
Marie Rosalie Louise de CAZEAUX, vicomtesse MARTIN du NORD, née à Paris, le 11 mai 1883, décédée à Paris, le 7 juin 1927.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 18 janvier 2024