Les visiteurs du Père Lachaise ne font pas attention à un monument posé en bordure de la division. Pourtant, le personnage qui repose là, a fait couler beaucoup d’encre et mobilisa les foules en son temps. Hors normes, hors du bien-pensant, ce prédicateur est, en quelque sorte, un précurseur du renouveau de l’église. (Régis Dufour Forrestier)
Hyacinthe Loyson, dit le Père Hyacinthe, voit le jour à Orléans (Loiret), en 1827. Il se dirige très vite vers la vie monastique. Il devient moine-prêtre dans l’ordre des Carmes déchaux, définiteur provincial au Broussey, près de Bordeaux, puis supérieur du Couvent que cet ordre possède alors à Paris. Le Père Hyacinthe est essentiellement un prédicateur.
Quand le nom de cet homme est prononcé devant des chrétiens « bien-pensant », il est stigmatisé par des épithètes péremptoires du style : « schismatique, renégat, excommunié », et si l’on va plus loin, on lui colle ces réflexions : « c’est l’orgueil qui l’a perdu » ou bien encore « Les tentations de la chair ».
Le Père Hyacinthe prêche le Carême en 1863, à Bordeaux, et dans l’église Saint-Louis des Français, à Rome, en 1866, ainsi que l’Avant à Notre-Dame de Paris. Il n’hésite pas à faire une déclaration fracassante contre « le prétendu dogme de l’infaillibilité du pape » le 30 juillet 1870. C’est quelques mois seulement après avoir contesté et élevé une protestation solennelle contre les déviances de l’église romaine.
Il fait école, d’autres membres du clergé lui emboîtent le pas. Hyacinthe Loyson préfère refuser une carrière honorifique au sein de l’église romaine, qu’il préfère quitter. En vertu du Concordat de 1801, il ne peut plus exercer publiquement en France, il s’exile alors en Suisse après avoir épousé Emilie Meriman à l’âge de 45 ans. Il ne reviendra à Paris qu’en mars 1878. Il crée une église catholique indépendante.
En juillet 1878, l’Eglise anglicane, en la personne de l’archevêque de Canterbury, déclare qu’elle protégera et soutiendra la nouvelle Eglise Gallicane. On inaugure une chapelle, le 9 février 1879, rue Rochefort dans le 9ème arrondissement de Paris. Très rapidement, elle s’avère trop petite pour recevoir tous les fidèles. On inaugure alors un nouveau lieu de culte, rue d’Assas, le 6 mars 1881. Celui ci peut recevoir mille cinq cent fidèles.
Le père Hyacinthe reçoit le soutien indirect de Jules Grévy et de son ministre de l’intérieur Waldeck Rousseau. Ceux ci, contournant le Concordat, autorisent par un décret du 3 décembre 1883, le fonctionnement légal de la chapelle gallicane. Mais ils ne reconnaissent pas le caractère officiel de la nouvelle religion. Le Père Hyacinthe refuse la consécration épiscopale proposée par l’église Anglicane. De ce fait, il se marginalise ainsi que son mouvement.
Il ne peut ordonner de prêtre. L’église de la rue d’Assas se dote alors d’un nouveau vicaire en 1887, en la personne de l’abbé Georges Volet, ordonné prêtre par l’Eglise Catholique Chrétienne de la Suisse. Hyacinthe Loyson se démet de toutes ses fonctions le 3 mars 1893. Monseigneur Gul, archevêque de l’Eglise Vieille-Catholique de Hollande, prend possession de la paroisse parisienne ex-gallicane au nom de l’Union d’Utrecht, le 1er mai.
La communauté se scinde alors en deux blocs. Le Père Hyacinthe accorde son pardon à ses contradicteurs, ainsi qu’à ses ennemis, car il en a beaucoup : des fanatiques fustigent sa vie privée et la jugent scandaleuse. C’est sans doute pour cela, que prévoyant qu’après sa mort un jour viendrait peut-être où sa dépouille mortelle serait profanée, il souhaite que son enveloppe charnelle soit incinérée.
Le Père Hyacinthe décède en 1912, à l’âge de quatre-vingt-cinq ans, ses dernières volontés sont respectées. Il repose avec son épouse et son fils.
Sources : -. Date de création : 2006-06-08.