LEFEBVRE Georges (1874-1959)
France

Georges Lefebvre voit le jour le 7 août 1874, à Lille (Nord). C’est le fils d’un employé de commerce, le frère de Théodore Lefebvre (géographe et résistant) et l’oncle de Robert Laurent (historien des vignerons de la Côte-d’Or).

Agrégé d’histoire et de géographie en 1898, il enseigne dans le secondaire, à Cherbourg, Tourcoing, Lille puis, après 1918, à Paris, aux lycées Montaigne et Henri IV jusqu’en 1924.

Il soutient sa thèse de doctorat en 1924, à l’âge de 50 ans, alors qu’il vient d’être nommé à l’université de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Celle-ci, Les Paysans du Nord pendant la Révolution, est saluée par ses pairs (Alphonse Aulard, Albert Mathiez, Henri Pirenne), tant il sait dépouiller de très nombreuses sources statistiques et renouveler l’approche de cette période pourtant très étudiée. De plus, sa monographie s’inscrit dans les débuts de l’histoire économique et sociale au sein des études historiques en France.

Nommé à l’université de Strasbourg en 1928, Georges Lefebvre y rejoint les futurs fondateurs des Annales. Ses relations avec Marc Bloch élargissent ses perspectives.

En 1932, il publie son œuvre la plus connue, première et brillante approche des mentalités collectives populaires, La Grande Peur de 1789. Ce livre lui vaut des commentaires élogieux et quelques critiques de Marc Bloch, son collègue strasbourgeois, qui écrit :

« Sa portée, au regard de l’historien, réside avant tout, dans la valeur de symptôme, propre à déceler l’état du corps social ; et c’est de l’avoir en effet étudié de ce biais que la méthode de M. Lefebvre tire son originalité. Partant de cet ensemble de menus faits, immédiatement apparents et dont le pittoresque avait souvent masqué le sens profond, l’auteur, recherchant de proche en proche leur explication, nous fait pénétrer jusqu’au cœur de la société française du temps, dans sa structure intime et le lacis de ses multiples courants. »

Nommé à la Sorbonne en 1935, Georges Lefebvre occupe deux ans plus tard la chaire d’histoire de la Révolution française et fonde, la même année, l’Institut d’Histoire de la Révolution française. On le charge d’organiser les nombreuses commémorations pour le 150e anniversaire de la Révolution, prévues pour 1939.

La mort de son frère Théodore, géographe et résistant gaulliste, décapité dans une prison à Wolfenbüttel (Allemagne), en 1943, le laisse profondément traumatisé par la violence des années d’occupation. Ces événements expliquent ses choix plus engagés d’après-guerre, notamment son analyse marxienne, sans être marxiste, de la Révolution.

Georges Lefebvre fait aussi, à la Sorbonne, un cours d’historiographie qui n’est publié qu’après sa mort (transcription de son cours de 1945-1946, La naissance de l’historiographie moderne en 1971).

Georges Lefebvre meurt le 28 août 1959, à Boulogne-Billancourt (Hsut-de-Seine).

Publications :

  • Annales de l’Est et du Nord (1907) ;
  • Les Paysans du Nord pendant la Révolution française (1924) – Prix Fabien de l’Académie française ;
  • La Grande Peur de 1789, éd. Félix Alcan (1932) ;
  • Quatre-Vingt-Neuf : l’année de la Révolution (1939, rééd. 1970, rééd. 1989 aux Éditions Sociales) ;
  • Napoléon, éd. Félix Alcan, coll. Peuples et civilisations, 606 p. (1935, rééd. 1955) ;
  • La Révolution Française, Presses Universitaires de France (Vol. I, 1951 ; vol. II, 1957) ;
  • Études sur la Révolution française (1954).

Hommages : Un amphithéâtre de la Sorbonne porte désormais son nom.

Sources : – Date de création : 2021-09-10.

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Date de la dernière mise à jour : 5 janvier 2024