LE SENNE René (1882-1954)
France

Fondateur de la caractérologie française

René Le Senne voit le jour à Elbeuf (Seine-Maritime), le 8 juillet 1882. Normalien et agrégé de philosophie, il est professeur dans le secondaire et en classes préparatoires. Il enseigne ensuite brièvement à l’université de Nancy puis est nommé professeur à la Sorbonne en 1942.

Membre de l’Académie des sciences morales et politiques, en 1948, il devient président de l’Institut international de philosophie, en 1952. Métaphysicien et psychologue, il appartient au courant spiritualiste et à la philosophie des valeurs. Il est le fondateur, avec Louis Lavelle, de la collection « Philosophie de l’Esprit ».

La méditation des œuvres d’Octave Hamelin l’oriente vers un idéalisme absolu qui privilégie la notion de fonctions de la conscience par rapport à celle, kantienne, de catégories de la pensée. Tout en critiquant certains aspects du bergsonisme (comme l’anti-intellectualisme ou l’importance excessive de la durée), il l’intègre à sa réflexion qu’on peut qualifier d’idéo-existentialisme. L’expérience de la contradiction vécue en tant qu’obstacle et définie comme « contre-être » est le point de départ de la réflexion de Le Senne. « Je souffre, donc je suis », tel est le cogito lesennien.

Mais tout obstacle est une invitation à le surmonter. Ce courage de l’affrontement des difficultés, Le Senne le nomme devoir. Le devoir est la force morale qui fait passer ce-qui-est à ce-qui-doit-être. Le devoir-être est le premier principe de l’être qui suscite l’avenir, prescrit les finalités. Le devoir moral ou devoir-faire n’est qu’une spécificité de ce devoir fondamental.

À partir de ce socle, Le Senne élabore une philosophie des valeurs qui subordonne le devoir à une plus haute instance, l’esprit agissant qui est Valeur, vie surabondante. Dès lors, l’ordre des valeurs transcende l’opposition entre l’ontologique (ce qui est) et le déontologique (ce qui doit être). Le postulat spiritualiste de la doctrine axiologique est que « l’absolu est, dans son fond, valeur infinie ». C’est cette valeur qui est source de tout devoir.

Le philosophe est-il en droit d’identifier la Valeur avec le nom de Dieu ? Le Senne franchit le pas en montrant que l’homme, dans ses activités de participation avec l’Esprit révèle l’Absolu comme une Personne souveraine, source de toute autre personnalisation plutôt que comme un idéal abstrait.

Dieu est ce qui rend la Valeur non seulement possible, mais encore effective, réelle, capable de se concrétiser. Sous le nom de Dieu, la Valeur suprême se révèle amour infini. Cet amour est au cœur de la relation humano-divine. Telle est, selon Le Senne, la justification philosophique du christianisme.

Si l’œuvre de René Le Senne ne se limite pas à sa production en matière de caractérologie, la qualité de son Traité de Caractérologie, publié en 1945, lui donne une notoriété sans précédent. Ces travaux combinent une exploitation de biographies et celle de données statistiques portant sur une population ordinaire. René Le Senne définit le caractère comme « l’ensemble des dispositions congénitales qui forme le squelette mental d’un homme. »

Dans son traité, le philosophe, qui n’est jamais loin du psychiatre, souligne à maintes reprises ce que l’individu réel peut envisager de faire de ce caractère, que l’approche scientifique étroite tendrait à rendre implacable. Le caractère présente trois propriétés : l’émotivité ; l’activité ; le retentissement des représentations (primarité/secondarité).

L’essentiel de l’œuvre de René Le Senne procède de déductions permises par son modèle (et la classification de Groningen) d’une multitude d’éléments plus humains tirés de ses nombreuses lectures, en particulier de biographies et de journaux intimes ou mémoires.

René Le Senné décède à Paris, le 1er octobre 1954.

Publications :

  • Le mensonge et le caractère, Alcan (1930) ;
  • Obstacle et valeur, Aubier (1934) ;
  • Traité de caractérologie, Presses universitaires de France (1945) ;
  • Introduction à la philosophie, Presses Universitaires de France (1949) ;
  • Le devoir, Presses universitaires de France (1949) ;
  • La destinée personnelle, Flammarion (1951) ;
  • La découverte de Dieu, Aubier (1955) ;
  • Traité de morale générale, Presses universitaires de France (1961).

Sources : Devaux (André) René Le Senne ou Le combat pour la spiritualisation, Seghers, coll. « Philosophes de tous les temps », 1966 ; Berger (Gaston) Notice sur la vie et les travaux de René Le Senne, Firmin-Didot, 1956 ; Pirlot (Jules) Destinée et valeur. La Philosophie de René Le Senne, Presses universitaires de Namur, 1953 ; Rwabashi (Lucien) Dieu dans la philosophie de René Le Senne, Imprimerie Saint-Paul, 1968 ; Wikipedia. Date de création : 2011-02-27.

Photos

Monument

Inscriptions :

Ici repose Le philosophe René LE SENNE 1882-1954.
PAUL PICHAT.

Ici reposent Lucien PICHAT décédé 22 décembre 1887 à l’âge de 3 ans.
Mme LE SENNE née Claire MERAT décédée 10 mars 1908 à l’âge de 62 ans.

Ici repose René LE SENE né le 8 juillet 1882 rappelé à Dieu le 1er octobre 1954.
[…] Mme Vve MERAT née Louise Eudoxie DARDOISE […] décédée […] 1905 à l’âge de 86 ans.

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Date de la dernière mise à jour : 30 août 2023