Joseph Léopold Sigisbert Hugo voit le jour à Nancy (Meurthe-et-Moselle), le 15 novembre 1773 d’un père menuisier dans une famille d’origine germanique. Il s’engage à quinze ans en 1788, dans le régiment de Beauvoisin, suivant en cela son père qui avait été sous-officier de chevaux-légers. Congédié en raison de son âge, il se réengage en 1790.
Brave et intelligent, il se distingue dans les campagnes de la république, à l’armée du Rhin, en Vendée et en Italie. Il gravit très rapidement les échelons, adjudant major en mai 1793, il est nommé chef de bataillon sur le champ de bataille de Mösskirch. Il est envoyé en corse le 20 juin 1800 pour avoir refusé de signer une pétition contre le général Moreau, puis il est envoyé à l’ile d’Elbe pour les mêmes motifs.
Hugo est ensuite attaché à Joseph Bonaparte. Il s’illustre en combattant la bande de Fra Diavolo, qui mène la guérilla contre les français. Il est fait alors maréchal du palais, promu général de brigade. Il suit Joseph en Espagne, devient son aide-de-camp, assurant plusieurs commandements importants dans l’armée du frère de l’Empereur. Habitué à la lutte contre la guérilla, il combat contre l’Empecinado et se distingue dans les campagnes espagnoles de 1809 à 1813.
Il accumule les titres honorifiques en Espagne, maréchal de camp, majordome du Palais, gouverneur d’Avila et de Ségovie, commandant de la province de Guadalajara et de la seigneurie de Molina, comte de Siguenza. L’Espagne est pour le général Hugo, une terre de promotion et d’enrichissement. Il s’y engager dans une répression sans faille contre la guérilla populaire, pour consolider la couronne de son protecteur, Joseph Bonaparte, devenu Roi d’Espagne sur ordre de Napoléon. Cette guerre est celle de tout un peuple contre une invasion française. Les maréchaux et généraux d’Empire ne peuvent mater les Espagnols, déterminés à préserver leur liberté. Napoléon exilé à Sainte Hélène déclarera au sujet de la campagne d’Espagne :
« L’immoralité dut se montrer par trop patente, l’injustice par trop cynique, et le tout demeure fort vilain. »
Dans ses Mémoires sur la guerre d’Espagne, Léopold Hugo nous fait revivre ses combats acharnés contre ceux qu’il nomme les « brigands » espagnols. Rejoint par sa famille quelques mois en 1812, son fils, le célèbre Victor alors âgé de dix ans, sera marqué par ce bref séjour et écrira en 1854 :
« C’est par la chute de l’Empereur, et en conséquence de celle de Joseph, que mon père de général espagnol est devenu général français et que moi de futur poète espagnol, je suis devenu poète français. »
Il est au combat de Lalavera de la Reina, en 1809, et surtout à la bataille de Vitoria, le 21 juin 1813, où il parvient à sauver une grande partie de l’arrière garde des troupes françaises en arrêtant les Anglais.
Lorsque Joseph Bonaparte rentre en France, le général Hugo le suit et reprend du service dans l’armée française. Après 1813 et ses défaites, il devient gouverneur de Thionville qu’il fortifie de manière remarquable, la ville supportant un intense bombardement de la part des coalisés pendant près de trois mois. Hugo ne rend la ville que sur ordre de Louis XVIII.
Pendant les Cent-Jours, il défend de nouveau Thionville qu’il n’abandonne que le 8 novembre 1815. Pour cette action, il est mis en demi-solde sous la seconde restauration, puis il est mis à la retraite.
Il meurt à Paris le 29 janvier 1828. Victor Hugo a écrit de belles pages sur ce père très admiré, notamment dans «choses vues» où il décrit les travaux entrepris sur la tombe du général et de sa famille et le transfert des cercueils dans la chapelle du cimetière.
Le poète se bat pour que l’inscription « par lui Thionville resta française » soit gravée sur la colonne surmontant le monument, et ce, en pleine occupation prussienne lors de la guerre de 1870. Ce geste de piété filiale lui étant interdit par les autorités françaises, il passe outre, menace, et obtient gain de cause.
Il repose avec sa femme, Sophie Trébuchet (1780-1821), son fils Eugène (1800-1836), frère de l’écrivain, ses petit-fils, le journaliste Charles (1826-1871) et le traducteur, François-Victor (1828-1873), ses arrière-petits-fils Georges (1867-1868) et Georges Victor (1868-1925).
Malgré ses souhaits, Victor Hugo ne repose pas sous le monument puisqu’il entre directement au Panthéon à sa mort. Quant à sa fille Léopoldine qui se noie, elle est inhumée avec son mari au cimetière de Villequier en Normandie.
Publication : Mémoires sur la guerre d’Espagne.
Titres : comte de Sigüenza (27 septembre 1810). Distinctions : chevalier de la Légion d’honneur (25 prairial an XII), croix de Saint-Louis, commandeur de l’Ordre royal d’Espagne (1810).
Sources : Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2005-09-11.