HOLGADO Joseph, dit Ticky (1944-2004)
France

Pour tous ceux qui comme moi, ont fêté leurs vingt ans dans les années soixante, le nom de Ticky Holgado reste indissociable de nos années de jeunesse. Proche de nos idoles du moment : Dick Rivers, Eddy Mitchell, Claude François et bien sûr Johnny Hallyday, il reste un acteur et un témoin d’une époque révolue, celle des Yé-yé. (Régis Dufour Forrestier)

Plus connu sous le nom de Ticky, Joseph Holgado nait le 25 juin 1944 à Toulouse (Haute-Garonne). D’un père chirurgien d’origine espagnole (de Madrid) et d’une mère française, Françoise, libraire. C’est dans sa ville natale qu’il grandit, peu intéressé par l’école et les études. Il préfère l’école de la rue, l’école buissonnière.

Son père mène une vie bien remplie : il est aussi peintre et gagne des médailles en ski. Il meurt l’année des onze ans de Joseph. A l’aube des années soixante, le jeune Joseph abandonne sans regret ses études et se donne corps et âme au Dieu de l’époque : le Rock n’Roll. Beaucoup à ce moment se sentent des velléités de chanteur ou de guitariste, chacun pense qu’il incarne l’émule des Johnny, Eddy et autres Dick.

Feu de paille, vie de l’instant qui passe, ces années ont été douces à vivre et leur souvenir reste vivace. Joseph se baptise « Ricky James », Ricky comme Ricky Nelson (chanteur un cours instant rival d’Elvis, mort brulé vif dans un accident aérien dans les années 80) et James, comme James Dean (icône fugitive du cinéma américain, lui aussi mort tragiquement dans un accident d’automobile près de Salinas).

Lors d’un gala à Arcachon, le présentateur commet un lapsus et annonce Ticky James. Le groupe fait un malheur, résultat Ticky lui reste et sera son porte-bonheur. Mais toute médaille a son revers, vers dix-huit ans, les difficultés commencent. C’est alors qu’il rencontre Mike Shanonn qui l’embauche comme enrichisseur pour le groupe des Chats Sauvages et leur leader Dick Rivers (seul rocker de cette époque à avoir rencontré le King Elvis à Graceland, Memphis, Tennessee).

Puis c’est la rencontre avec Claude François, au cours d’une tournée en Suisse. Ce dernier n’a de cesse de le débaucher à son profit. Les relations entre les deux hommes sont souvent tendues et à la limite de la rupture. En 1962, Ticky en a assez d’être secrétaire, homme à tout faire, bras droit et plus.

Il suit alors Long Chris, ami de Johnny et lui aussi chanteur de l’époque (Christian Blondieau, devenu depuis expert en armes anciennes et antiquaire). Puis il suit Dick Rivers, à Nice et à Grasse où il rencontre Johnny Halliday, qui le garde comme « bras droit-secrétaire particulier » et accessoirement « homme de confiance à tout faire ».

En 1967, Ticky a vingt-trois ans et l’armée souhaite ardemment le compter dans ses rangs. Résultat, il se retrouve pendant près de quatre mois dans un régiment semi-disciplinaire à Albi (Tarn). Chassez le naturel il revient au galop : Ticky devient secrétaire-homme à tout faire du médecin-colonel de l’Hôpital de Toulouse.

Finie l’armée, le retour à la vie civile le voit fondant un nouveau groupe, d’Oc d’Ail, avec des natifs du cru. Le cheveu est long et l’enthousiasme de rigueur. Coup de chance, un photographe des Rolling Stones les placent auprès de Stigwood, le producteur des mythiques Who, des Yardbirds et d’Éric Clapton.

Il en résulte deux 45 tours du petit groupe qui obtiennent un beau succès d’estime. Puis, c’est la rencontre avec Bob Brault qui propose à Ticky Holgado de s’occuper de son groupe, les Martins Circus. L’accord est conclu. Le tube « Je m’éclate au Sénégal » fait un tabac et inonde les ondes. Période bénie Ticky.

Suite à un deuil, il part en province et y reste près d’un an et demi. De retour à Paris, il auditionne pour « Rocky Horror Picture Show » où il remporte deux rôles. C’est aussi le début de sa carrière d’acteur. Il tourne son premier long métrage avec Max Pécas, Belle, blonde et bronzée, aux côtés de Xavier Delluc.

Il enchaîne ensuite avec des rôles de plus en plus gratifiants. Avec Delicatessen, en 1990, Ticky Holgado voit son talent de comédien reconnu. Gérard Jugnot écrit pour lui le personnage du clochard que rencontre le cadre au chômage virant tant soit peu au SDF (Jugnot lui-même), dans une Epoque formidable.

C’est ce rôle qui lui vaut la reconnaissance du public. Au total, Ticky Holgado tourne dans une soixantaine de films. Il est nommé pour le César du meilleur second rôle masculin en 1992, pour Une époque formidable et en 1996 pour Gazon maudit. Il est alors débordé par les propositions et en refuse le moins possible.

Parallèlement, il reprend ses activités musicales avec les Clap Shooters. Son autobiographie s’intitule Trente ans de merdier : il y manie l’autodérision et la mythomanie. Mais il est rejoint par la maladie. Son ami Claude Lelouch, à sa demande, réalise un film le montrant sur son lit d’hôpital après l’ablation de sa quatrième tumeur cancéreuse. Il y déclare : « il faut dire aux gens qu’il faut complètement arrêter de fumer ».

Le 22 janvier 2004, il succombe d’un cancer du poumon.

Sources : -. Date de création : 2006-06-26.

Photos

Monument

Monument :

Le buste représentant Ticky, sur la tombe, est l’œuvre de Pierre Louis Gayraud, ni signée ni datée.

Inscriptions :

Ticky HOLGADO 1944 -2004. Il est parti comme il a vécu, comme un Ange.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 22 janvier 2022