GISQUET Henri Joseph (1792-1866)
France

Henri Joseph Gisquet nait à Charency-Vezin (Meurthe-et-Moselle), le 14 juillet 1792. C’est le fils d’Henry Joseph Gisquet (1761-1841), propriétaire, rentier et officier des Douanes et de sa première épouse, Marie-Madeleine Felten. Il se destine d’abord à la carrière militaire. Mais il reçoit une blessure à la chasse qui nécessite l’amputation de son avant-bras. Ceci le contraint donc à rentrer dans la vie civile.

On l’admet d’abord, en 1808, comme commis dans la maison de banque des frères Perier à Paris. Puis il s’associe, en 1818, à une maison de commerce du Havre. Il revient à Paris, l’année suivante, comme associé de Casimir Perier. En 1825, avec l’aide de son ancien associé, il fonde une maison de banque sous son seul nom. L’année suivante, une avance de fonds lui permet d’acquérir à Saint-Denis une grande raffinerie de sucre. Il la transforme en une fabrique d’huiles et celle ci restera longtemps sa propriété.

Affilié à l’opposition libérale sous la Restauration et l’un des premiers membres de la société « Aide-toi, le ciel t’aidera », il prend une part active aux Trois Glorieuses en 1830. Il devient, au mois d’août, membre du conseil général de la Seine. Au milieu des menaces et des préparatifs de guerre européenne, le gouvernement charge Gisquet de l’achat de 300 000 fusils. Celui ci parvient à négocier l’acquisition de 566 000 armes de provenance anglaise.

La presse de l’opposition dirige à ce propos contre le commissionnaire et les ministres de graves accusations. La Tribune, journal républicain, pose cette question :

« N’est-il pas vrai que, dans les marchés de fusils et de draps, M. Casimir Perier et le maréchal Soult ont reçu chacun un pot-de-vin qui serait d’un million ? »

Un autre journal, La Révolution, répète la question. Tous deux sont saisis et leurs directeurs traduits devant la cour d’assises. L’instruction établit que Gisquet a traité l’affaire pour son propre compte et qu’il a payé très cher des fusils défectueux. De plus, une partie de ces armes, refusées par le maréchal Gérard (ministre de la Guerre jusqu’au 17 novembre 1830), ont été acceptées par son successeur, le maréchal Soult.

On condamne le rédacteur de La Tribune, Armand Marrast, le 29 octobre 1831, à six mois de prison, 3000 francs d’amende et 25 francs de dommages-intérêts. L’affaire des « fusils Gisquet » demeure comme un des scandales politiques de la monarchie de Juillet. Casimir Perier nomme Gisquet préfet de police de Paris, le 15 octobre 1831, en remplacement de Sébastien Louis Saulnier.

Il reste à ce poste pendant cinq ans. Cette longévité contraste avec l’instabilité qui a prévalu depuis la Révolution de Juillet. L’opposition démocratique l’attaque vivement en raison des mesures politiques exceptionnelles prises par lui et par le zèle répressif dont il fait preuve, notamment à l’occasion des obsèques du général Lamarque et des événements du cloître Saint-Merri.

C’est ainsi qu’après l’insurrection de juin 1832, Gisquet oblige les médecins, chirurgiens, pharmaciens, etc. à déclarer dans les vingt-quatre heures à la préfecture de police, les noms des blessés à qui ils ont donné des soins. Cette mesure soulève une réprobation générale et les intéressés refusent de s’exécuter. Pendant l’épidémie de choléra de 1832, Gisquet doit veiller à l’hygiène et à la salubrité publique. Il fait preuve, dans ces circonstances terribles, d’un réel courage personnel.

Il augmente les effectifs des sergents de ville et crée un corps de maîtrise, les brigadiers, recrutés au choix parmi les sergents de ville ou les inspecteurs. Mais alors que des bruits d’empoisonnement circulent, une de ses proclamations, rédigée de manière imprudente, contribue à les accréditer. À la fin de 1833, il se signale en prenant un arrêté interdisant aux colporteurs vendeurs de journaux, publications et estampes de crier sur la voie publique des écrits qui n’auraient pas été autorisés par l’administration.

La justice invalide cet arrêté en première instance, puis en appel, mais le gouvernement réagit en faisant adopter la loi du 16 février 1834 soumettant à autorisation administrative l’activité des crieurs publics. Pour donner satisfaction à l’opinion, la première mesure du ministère Molé est d’écarter Gisquet de la préfecture de police, où Gabriel Delessert le remplace dès le 6 septembre 1836. Il devient alors conseiller d’État en service extraordinaire.

Le 4 novembre 1837, il se fait élire député par le 14e collège de la Seine (Saint-Denis). À la Chambre des députés, il prend une attitude presque hostile au ministère. Ceci entraine de sérieuses difficultés pour le cabinet. Il intervient, par exemple, dans la discussion sur les fonds secrets. Il en demande la réduction de 4 millions à 2,4 millions, qui n’ont pas été dépassés, affirme-t-il, sous son administration. À la fin de 1838, de vagues rumeurs accusent Gisquet de concussions auxquelles il aurait mêlé sa maîtresse et sa famille.

L’intéressé poursuit alors en diffamation Le Messager, qui s’en fait l’écho et qui est condamné au minimum de la peine (500 francs d’amende), après des réquisitions de l’avocat du roi, M. Plougoul qui, dit le Dictionnaire des parlementaires, « faisaient pressentir les rigueurs du pouvoir contre le plaignant » (28 décembre). En effet, dès le lendemain, celui-ci perd ses fonctions au Conseil d’État.

Il reprend ses occupations industrielles à Saint-Denis, ne se représente pas aux élections de 1839, et ne reparait sur la scène politique qu’en 1848, comme délégué de la ville de Saint-Denis auprès du comité central de l’Union électorale. En 1844, il effectue un voyage en Égypte qu’il publiera sous le titre : L’Égypte, les Turcs et les Arabes. Il publie, aussi, en 1840, ses Mémoires (4 vol.). Joyeux chansonnier à ses heures, il s’était fait recevoir membre de la Société du Caveau.

Henri Joseph Gisquet meurt à Paris, le 23 janvier 1866. Il repose avec Jules Théodore Gisquet né le 12 janvier 1820 à Paris, capitaine de vaisseau, commandeur de la Légion d’honneur, époux de Marie-Louise Nay, décédé le 31 juillet 1884.

Distinctions : chevalier (1 mai 1831), officier (1 mai 1833), commandeur (30 avril 1836) de la Légion d’honneur.

Sources : Base Léonore (Légion d’honneur) ; Wikipedia. Date de création : 2009-12-21.

Monument

Inscriptions : FAMILLE GISQUET

Mme GISQUET née Jeanne Louise BÉGAT décédée le 9 mars 1857 à l’âge de 68 ans.
Jules Ernest NAY décédé le 20 novembre 1863 à l’âge de 63 ans.
Jules Théodore GISQUET capitaine de vaisseau, commandeur de la légion d’honneur, décédé le 31 juillet 1884 à l’âge de 64 ans.
Henri Joseph GISQUET ancien préfet de police, ancien conseiller d’état, député de la Seine, commandeur de la légion d’honneur, décédé le 23 janvier 1866 à l’âge de 73 ans.
Henriette Caroline GISQUET veuve NAY décédée le 7 septembre 1865 à l’âge de 49 ans.
Marie Louise NAY veuve de Jules Théodore GISQUET décédée le 10 avril 1901 à l’âge de 64 ans.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 22 avril 2024