DUPONT Emile (1862-1945)
France

(Louis) Emile Dupont voit le jour en 1862, dans les Ardennes. Il fonde la chaîne des cafés-brasseries Dupont en 1887, deux ans après l’achat de son premier café parisien. En 1909, il reprend le café de la Maison Pierre Crouzet, à l’angle des boulevards Barbès et Rochechouart, pour ouvrir le Café Dupont.

C’est là qu’en 1877 Emile Zola situe l’action de l’Assommoir, au café du père Colombe :

« L’Assommoir du père Colombe se trouvait au coin de la rue des Poissonniers et du boulevard de Rochechouart. L’enseigne portait, en longues lettres bleues, le seul mot : Distillation, d’un bout à l’autre. Il y avait à la porte, dans deux moitiés de futaille, des lauriers roses poussiéreux. Le comptoir énorme, avec ses files de verres, sa fontaine et ses mesures d’étain, s’allongeait à gauche en entrant ; et la vaste salle, tout autour, était ornée de gros tonneaux peints en jaune clair, miroitants de vernis, dont les cercles et les cannelles de cuivre luisaient. »

Le Café Dupont de Barbès est à l’origine un grand bistrot sans charme particulier. Emile Dupont le cède, en 1919, à son jeune fils, Émile Louis, à qui il souhaite mettre le pied à l’étrier. Celui-ci a fait ses armes chez Monsieur Charton, propriétaire de la grande épicerie de la rue du Château d’Eau, et dont il épouse la fille.

Le jeune patron est ambitieux, il veut réinventer le café parisien. « Monsieur Emile », comme l’appellent ses employés, veut en finir avec le bistrot de quartier sombre et inhospitalier. Son idée est d’ouvrir les cafés, d’en faire des lieux de vie à part entière.

Il les veut bien éclairés et richement décorés. Ce doivent être des lieux où l’on prend plaisir à se retrouver, avec des produits de qualité à un prix abordable et surtout, un personnel irréprochable.

Le bonhomme n’est pas commode. Comme en témoigne cet échange paru dans Le Crapouillot en 1931.

« Mon personnel est dressé. J’y ai l’œil. Je leur tombe sur le râble à n’importe quand. A trois heures du matin et il faut que ça brille ! ».

La rumeur dit qu’il se déguise en curé, homme d’affaires etc. pour surveiller ses employés et les mettre à l’amende en cas de manquements aux fondamentaux des établissements Dupont.

Le succès de la brasserie chic et populaire est fulgurant : Dupont Montmartre (1923), Dupont Clichy (1924), Dupont Moka, place des Ternes (1925), Dupont Métropole sur les grands boulevards, et même une brasserie sur les Champs Elysées, le Berry, puis le Dupont Cambronne, Dupont Latin (1934), Bastille, le Cyrano à Pigalle…

Le succès de Dupont tient aussi à la modularité de ses brasseries. Le café devient salon, restaurant, dancing ou lieu de rencontre. De fait, on y abolit les conventions de rigueur dans les salons de l’époque. Toutes les classes sociales y rentrent ; on y passe, on échange. C’est un lieu de rendez-vous intime, un deuxième bureau et on y cherche l’inspiration, parfois.

Le barman-restaurateur, comme il se définit lui-même, a un sens aigu du commerce et du public. À l’heure de la réclame, la brasserie trouve un slogan pour se démarquer. C’est « Chez Dupont, tout est bon ». La formule sonore et facilement mémorisable rencontre un succès immédiat.

Les établissements Dupont éditent même un journal mensuel, Dupont-Magazine, destiné à la clientèle qui traite de l’actualité de la vie parisienne et des brasseries Dupont. Le tirage est de plus d’un million d’exemplaires en 1935 !

En 1934-1935, Emile Dupont entreprend de rénover le Dupont Barbès. Il impose aussitôt son concept, l’ouverture tôt le matin et des prix bas dans un cadre luxueux. Le client est accueilli par différentes pancartes minutieusement disposées en salle et sur le comptoir :

« Toujours prêt au plus bas prix », « Asseyez vous, reposez vous, vous êtes chez vous ! », « Clients, mes amis, soyez les bienvenus et n’oubliez pas que chez Dupont tout est bon ! ».

Décoration avenante, enseignes lumineuses et fresque gigantesque courant le long d’un grand bar métallique, le tout visible de l’extérieur, l’effet est garanti, difficile pour le passant de résister aux sirènes flamboyantes de la modernité fussent elles publicitaires.

Emile Dupont décède à Paris, en août 1945.

Sources : http://www.paris-louxor.fr/. Date de création : 2010-12-31.

Photos

Monument

La sépulture est ornée d’un médaillon en marbre avec deux profils, ceux de Marcel et Maurice, morts pendant la guerre de 1914-1918, de facture inconnue. Le monument est signé par l’entrepreneur E. Breton.

Inscriptions : Famille DUPONT

Marcel DUPONT, maréchal des logis, au 7ème Dragons, 5 décembre 1890, 27 avril 1917.
Maurice DUPONT, sergent au 154ème d’Infie, 20 septembre 1892, 18 juillet 1915.
Morts pour la France.

Emile DUPONT Père, 1962-1945, Créateur des Bars.
Anna-Suzanne DUPONT, 1889-1985.
Mme GUILLAUME, née DUPONT, 1886-1981.
Mme DUPONT, née MATHE, 1866-1951.
Mme JUY, née DUPONT, 1893-1977.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 8 janvier 2024