CRAUFURD Quintin (1743-1819)
Grande-Bretagne

portrait anonyme - Source Geneanet
Artisan, avec Fersen, de la fuite à Varennes de Marie Antoinette

Quintin Craufurd, ou Quentin Crawford, voit le jour le 22 septembre 1743, à Kilwinning, en Ecosse (Grande-Bretagne). Banquier, c’est l’ami et le conseiller de Marie-Antoinette. Il aide Fersen à organiser la fuite de la famille royale en 1791.

Pendant la période révolutionnaire, on saisit ses biens en France et il doit s’exiler en Inde. Il devient l’amant d’Anne Eléonore Franchi. Danseuse de profession, celle ci a d’abord été remarquée, lors du carnaval de Venise, par le duc Charles Eugène de Wurtemberg qui lui a fait trois enfants.

A Vienne, après la mort du duc et de nouveau danseuse, c’est la maîtresse de Joseph II. C’est la raison pour laquelle, l’appréciant peu, l’impératrice Marie-Thérèse la chasse d’Autriche. Exilée dans les Indes, elle en revient en compagnie du banquier écossais Quintin Craufurd. Tous deux remeublent l’Hôtel Matignon. Celui ci devient un lieu de fêtes pour la société de l’Ancien Régime et un foyer d’opposition.

Très lié à Joséphine de Beauharnais, le couple critique de plus en plus ouvertement Napoléon après son divorce. En 1808, ils cèdent l’Hôtel Matignon à Talleyrand, Prince de Bénévent et Vice-Grand électeur. Quintin Craufurd s’éteint à Paris, le 23 novembre 1819.

Extrait (des « Mémoires de Madame du Hausset », par Pierre Gaxotte) :

« Parmi les Anglais qui furent de fervents Parisiens, il en est un, Quentin Craufurd, qui a joué, en coulisse, un petit rôle dans la Révolution française et qui tient dans nos lettres un rôle honorable, au moins par l’amour qu’il leur a porté.

Né en 1743, en Écosse, cadet d’une famille ancienne, nombreuse et peu fortunée, il entre au service de la compagnie des Indes, prend part à l’expédition de Manille, devient le représentant de la compagnie pour les Philippines, fait bien les affaires de ses employeurs et les siennes propres, reçoit d’importantes missions aux Indes et, jeune encore, puissamment riche, vient, aussitôt après la paix de Versailles, se fixer à Paris.

Il acheta l’hôtel Rouillé d’Orfeuil rue de Clichy, reçoit tout ce qui se piquait d’anglomanie, prêta de l’argent à Talleyrand et est présenté à la Cour. En 1790, il publia en anglais deux volumes très nourris sur l’Inde et sa civilisation que le comte de Montesquiou, le futur conquérant de la Savoie, traduisit en français.

Notre confrère, M. Émile Dard, a raconté dans un petit livre érudit et rapide comment Craufurd se prend d’un dévouement passionné pour Marie-Antoinette, comment il fait la connaissance de Fersen, comment il joua un rôle actif dans la préparation du voyage clandestin de la famille royale vers Metz, comment la monumentale berline préparée à cet effet est entreposée dans son hôtel de la rue de Clichy, comment enfin, tandis que Louis XVI et les siens sont arrêtés à Varennes, lui-même gagnait la frontière du Nord, la plus proche, par le plus court chemin.

Il eut le courage de revenir à Paris en décembre 1791, puis lorsque la guerre est déclarée le 20 avril 1792 s’éloigna, cette fois, pour dix ans. Il eût pu rentrer dans sa patrie, mais ce parti convenait mal à une tête romanesque.

On retrouve Craufurd à Bruxelles, à Düsseldorf, faisant des plans pour l’évasion de la reine, à la suite de l’armée autrichienne, de nouveau à Bruxelles, à Francfort, enfin à Vienne où il vit dans la société du prince de Ligne et des émigrés français, en particulier, dans la familiarité de Sénac de Meilhan.

Après tant de voyages, d’aventures et de désillusions, Craufurd, qui approchait de la soixantaine, n’aspirait plus qu’à rentrer à Paris. En 1798, il publia en français une Histoire de la Bastille et le 28 mai 1799, il adressa de Francfort aux autorités directoriales une demande pour obtenir sa radiation définitive de la liste des émigrés, faisant valoir sa qualité d’étranger, sa double résidence à Paris et à Londres, ses commandes et ses libéralités aux artistes.

Sa demande d’abord repoussée par le Directoire est bien accueillie par Napoléon Bonaparte. Redevenu Parisien, Quentin Craufurd trouva sa maison démolie, ses collections dispersées. Mais sa fortune restait considérable puisqu’il put s’installer rue de Varennes, hôtel Matignon, qu’il échangea ensuite contre l’hôtel de la rue d’Anjou qu’occupait Talleyrand. Il constitua une nouvelle collection, des portraits de grands hommes, parmi lesquels se trouvait le portrait de Bossuet par Rigaud.

L’amitié de Talleyrand, la protection de l’impératrice Joséphine lui permirent, après une courte résidence en Touraine, de demeurer chez lui à Paris, en dépit de la guerre. Une note de police de 1804, le représente comme un homme fatigué, usé, inoffensif et tranquille, qui a placé un million en rente française.

En 1803, il publia des Essais sur la littérature française qui s’ouvrent par un éloge de notre langue, imité de Rivarol et en 1809, des Mélanges d’histoire et de littérature, composés presque uniquement de citations de Sénac de Meilhan. Craufurd meurt en 1819, ayant obtenu de Louis XVIII une indemnité pour la démolition de sa maison de la rue de Clichy et récupéré deux de ses anciens tableaux, un Prométhée et un Hercule retrouvés au ministère de la Justice. »

Pour voir Gaxotte (Pierre) Les Mémoires de Madame du Hausset

Sources : -. Date de création : 2008-01-29.

Photos

Monument

Inscriptions :

Quintin CRAUFURD, gentilhomme écossais né à Kilwinning le 22 septembre 1743, décédé à Paris le 23 novembre 1819.

Photos


Date de la dernière mise à jour : 5 janvier 2024