COTTIN Sophie, née Marie RISTEAU (1770-1807)
France

gravure par Pierre François Bertonnier dans Œuvres complètes de Mme Cottin, 1824

Sophie Cottin, née Marie Risteau (ou Ristaud), est née à Tonneins (Lot-et-Garonne), le 22 mars 1770. La jeune Sophie est élevée à Tonneins, puis à Bordeaux, par une mère éprise de littérature et d’art. Douée d’un caractère réfléchi, d’une âme tendre et mélancolique, elle accorde sa préférence aux pensées graves. Sa conversation a plus de solidité que d’éclat.

Elle ne recherche nullement les suffrages du monde. Rien ne fait donc soupçonner en elle ces dispositions brillantes et cette imagination qui se révéleront dans son œuvre. Mariée, en 1790, dès l’âge de dix-sept ans à un vieillard, M. Cottin, riche banquier de Paris, qui quitte Bordeaux pour venir habiter un luxueux hôtel de la capitale, rue du Mont-Blanc.

L’accomplissement de ses devoirs et les soins de sa maison l’empêchent de se livrer à son goût naturel. Loin d’éblouir Sophie Cottin, le tourbillon du monde n’entraîne pas son jeune âge. Trois ans après, en 1793, Cottin éprouve un grand saisissement d’avoir été dénoncé au club des Jacobins comme aristocrate. Ceux qui viennent pour l’arrêter, le lendemain matin, le trouvent mort dans son lit.

Sophie Cottin reste veuve à vingt-trois ans et à peu près ruinée. La Révolution a mis le désordre dans les affaires de son mari. Elle a versé, en vain, une partie de sa fortune, à Fouquier-Tinville, président du Tribunal révolutionnaire, pour tenter de sauver deux membres de sa famille de l’échafaud. Après liquidation, elle a tout juste de quoi vivre à Champlan, dans la vallée d’Orsay.

Là, elle a le courage de cacher Vincent Marie Viénot de Vaublanc condamné à mort par contumace le 25 vendémiaire (17 octobre 1795), comme chef de la section royaliste du Faubourg Poissonnière. Sophie Cottin le reçoit par amitié pour Jean-Baptiste Marie François Bresson et sa femme. La mort imprévue de son mari l’émeut à peine et la trouve même indifférente.

Cette perte détermine néanmoins la destinée de Sophie Cottin. Un modique revenu suffit à ses simples besoins. Jusque-là elle n’a guère eu l’idée de produire des ouvrages en public. Elle se contente d’épancher en secret les trésors de son imagination et de sa sensibilité. De premières et secrètes esquisses et des essais divers, ont mis Sophie Cottin sur la trace définitive du genre qui l’attire.

Le cœur rempli d’idées, elle ne puise à d’autre source qu’elle-même. Elle écrit avec facilité et abandon. Elle exprimer des sentiments naturels, sincères, vifs et profonds. Le pathétique vrai et plein d’ardeur qui anime ses ouvrages émane de cette intime fusion de la mélancolie, de la vertu et de l’amour, éléments simples, mis en œuvre naturellement et presque sans art.

Une bonne action est l’occasion pour Sophie Cottin d’exprimer enfin un talent qu’elle ignore encore lorsqu’un de ses amis, par suite des événements de l’époque et de quelques revers particuliers, est proscrit. Elle a alors peu de ressources pécuniaires. En quelques semaines, celle-ci écrit «Claire d’Albe». Le produit de ce roman, publié sans nom d’auteur en 1798, est consacré à soulager l’infortune de son ami obligé de quitter la France.

Le grand succès de «Malvina» (1800) et le triomphe encore plus éclatant de «Amélie Mansfield» (1802), ne lui permettent plus de garder le secret sur sa condition d’auteure. Les préjugés de son époque regardent cette dernière de façon si défavorable. Toutefois, en acceptant le renom d’écrivaine, Sophie Cottin ne répond jamais aux critiques de ses productions qu’en cherchant à les perfectionner.

«Élisabeth ou les Exilés de Sibérie» (1806) ajoute encore à sa renommée. «Mathilde ou Mémoires» tirés de l’histoire des croisades n’est sans doute que le premier essai d’un plus vaste dessein. Mais le terme de ses travaux, et bientôt de ses jours, approche. Une maladie mortelle, accompagnée de souffrances de plusieurs mois, vient l’atteindre dans la retraite qu’elle s’est choisie.

Après trois mois de souffrances aiguës, elle meurt, âgée de trente-quatre ans. Elle laisse inachevé un roman sur l’éducation, dont elle attend la seule gloire à laquelle, dans sa pensée, une femme doit prétendre. Elle meurt le 25 aout 1807 à Paris.

Sources : -. Date de création : 2008-12-26.

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Monument

La concession à perpétuité est entretenue gratuitement par la ville de Paris. La sépulture est classée monument historique.

Inscriptions :

C’est la récompense d’avoir aimé que d’aimer de plus en plus jusqu’à la mort. (Sophie Cottin)

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Date de la dernière mise à jour : 17 août 2023