CARBUCCIA Jean-Luc de (1893-1917)
France

Jean-Luc (Georges Marie) de Carbuccia voit le jour à Paris, le 1er mai 1893. Mobilisé, il devient sous-lieutenant au 9e Régiment de Cuirassiers. Il est tué à l’ennemi, mort pour la France, le 5 mai 1917, à Laffaux (Aisne).

Il repose avec : Marie Armande Cadet de Chambine, née Leturc le 20 avril 1844, décédée le 20 octobre 1921, Georges Victor Edmond Cadet de Chambine, né le 17 mars 1838, décédé le 5 mai 1898, Anne Anastase Alfred CAadet de Chambine, né le 9 mai 1808, décédé le 26 juin 1870.

Distinctions : chevalier de la légion d’honneur (ne figure pas dans la Base Léonore) ; croix de Guerre.

Laffaux :

Le nom de Laffaux est indissociable de l’offensive du Chemin des Dames. Ce 5 mai 1917, les régiments de cuirassiers à pied montèrent à l’assaut du « moulin de Laffaux » qui formait un saillant sur le front allemand depuis son repli sur la ligne Hindenburg en mars 1917. Ils se heurtèrent aux mitrailleuses allemandes installées dans des abris bétonnés.

Entre l’Aisne et l’Ailette, non loin de la route nationale n°2 (route Soisson-Laon), un champ de mémoriaux et de stèles, fait écho aux vers de Louis Aragon (Louis Aragon, Les Yeux d’Elsa, 1942) :

« Créneaux de la mémoire ici nous accoudâmes
Nos désirs de vingt ans au ciel en porte-à-faux
Ce n’était pas l’amour mais le Chemin des Dames
Voyageur, souviens-toi du Moulin de Laffaux. »

On y trouve le monument au 9ème Régiment de Cuirassiers à pied, rappelant la mémoire du capitaine René de Chasteignier, du lieutenant Michel Wagner, du sous-lieutenant Jean-Luc de Carbuccia, des officiers, sous-officiers et cavaliers du 9e Régiment de Cuirassiers à pied morts pour la France à l’assaut victorieux du moulin de Laffaux, le 5 mai 1917.

Au total, il y a 146 tués au combat ce jour-là. Dans le même ordre, les officiers tombent au cours du combat, suivis, toujours hiérarchiquement,  comme s’ils avaient voulu montrer l’admirable discipline de l’armée. L’honneur de tomber le premier revient à celui qui commande et doit, avant tout autre, donner l’exemple. En tête, le bataillon de Vaucresson, en première vague, le 5ème escadron. Dès la sortie de la parallèle de départ, les mitrailleuses allemandes battent le terrain.

Le capitaine de Chasteigner s’effondre, inondé de sang, la carotide tranchée par une balle. Il a juste le temps de murmurer à son agent de liaison « dis leur qu’ils continuent ». Ils continuent, vers la tranchée du « rossignol ». Le lieutenant Wagner qui a pris le commandement s’abat, tué d’une balle en plein front. Les grenades à manches n’arrêtent pas les cuirassiers qui abordent la tranchée où éclatent nos grenades offensives, où crépitent rageusement les décharges des armes automatiques, où claquent les coups de feu et où parfois, même brillent, les baïonnettes.

Il se livre à cette tranchée des « corps à corps terrifiants ». Le journal de marche note sombrement :  » le nettoyage de la tranchée est difficile ». Néanmoins, une trentaine de prisonniers du 364ème régiment allemand d’infanterie seront dirigés vers l’arrière. Durant la lutte, tombe le nouveau commandant d’escadron, le sous-lieutenant de Carbuccia. L’aspirant Parise, un tout jeune bleuet de la classe 17, prend la direction de l’escadron.

A son tour, il s’écroule! Les trois officiers et l’aspirant, sont tués. La deuxième vague dépasse la première. Avec la stabilisation du front, la cavalerie semble condamnée à l’inaction sur le front ouest. Le commandement décide donc de transformer certains régiments de cavalerie en régiments d’infanterie, tout en leur conservant leur appellation.

Ils montent aussitôt en ligne dans l’Aisne. Mais les fantassins et coloniaux aux côtés desquels ils vont être engagés le 5 mai, les regardent bizarrement.

L’objectif de la division Brécard est un point clef de la ligne de front dans l’Aisne : le plateau du moulin de Laffaux, charnière de la ligne Hindenburg. Avec elle, et pour la première fois depuis l’attaque de Berry-au-Bac, sont également engagés des chars dont l’emploi n’a toujours pas convaincu ni le commandement, ni le gouvernement. En août 1914, la cavalerie compte encore 12 régiments de cuirassiers à cheval.

Malgré de nombreux débats avant-guerre au sujet de l’abandon de la cuirasse, les cuirassiers qui rentrent en guerre la portent toujours. Dès les premiers engagements, il faut se rendre à l’évidence : cet équipement est devenu plus gênant qu’utile. On décide donc son abandon. Les cuirassiers, créés en 1803, ne le sont plus que de nom.

Après la course à la mer et la stabilisation du front, la cavalerie devient inutile alors que le service des tranchées exige un effectif de fantassins considérable. Les cavaliers font donc le service de la tranchée tout en continuant à s’entraîner au combat à cheval dans l’espoir d’exploiter une éventuelle percée.

Des régiments abandonnent leurs chevaux pour la durée de la guerre ; c’est le cas pour certains régiments de cuirassiers. En novembre 1914, chaque division de cavalerie forme un « groupe léger » composé d’escadrons prélevés sur ses divers régiments. Le 1er juin 1916, leur succédant, six régiments de cuirassiers (R.C.) à cheval deviennent des cuirassiers à pied (4e, 5e, 8e, 9e, 11e et 12e R.C.). Ils se donnent eux-mêmes le surnom de « cuirapieds ». »

Pour revivre les journées du 5 et 6 mai 1917 au Moulin de Laffaux

Sources : Jouin (Henry) La sculpture dans les cimetières de Paris, Nouvelles archives de l’art français, 1898 ; Moiroux (Jules) Guide illustré du cimetière du Père Lachaise, Paris, 1922, p. 92 ; Gabrielli (Domenico) Dictionnaire historique du Père Lachaise (XVIIIème-XIXème siècles), Editions de l’Amateur, Paris, 2002, p. 81 ; Bauer (Paul) Deux siècles d’histoire au Père Lachaise, cimetière et nécropole de Paris, Paris, 2006, p. 162 ; Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2108-05-05

Monument

La chapelle funéraire est ornée d’un vitrail représentant une croix, non signé. A l’origine elle comportait un buste en bronze.

Inscriptions : Famille A. CADET de CHAMBINE

Jean-Luc de CARBUCCIA, sous-lieutenant au 9ème Régiment de Cuirassiers, mort pour la France le 5 mai 1917 à l’attaque du moulin de Laffaut, Chevalier de la légion d’honneur, croix de guerre 1914-1918.

Madame Pierre de CARBUCCIA, née Louise de CHAMBINE, 1861-1943.
Marie Armande, CADET de CHAMBINE, née LETURC, le 20 avril 1844, décédée le 12 octobre 1921.
Georges Victor Edmond, CADET de CHAMBINE, né le 17 mars 1838, décédé le 5 mai 1898.
Roland, CADET de CHAMBINE, […]-1916.
Louise Amélie, CADET de CHAMBINE, née GROUVELLE, 3 juillet 1811, 6 octobre 1879.
Pierre de CARBUCCIA, 1851-1916.

(Ancienne plaque de la croix de bois) Jean-Luc de CARBUCCIA, sous-lieutenant, au 9ème cuirassiers

Photos


Date de la dernière mise à jour : 2 août 2023