BARD Alphonse (1850-1942)
France

Alphonse Bard voit le jour le 26 mars 1850 à Paris. Fils de père et mère non dénommés, cet enfant de l’Assistance est reconnu par Antoine Bard, le 11 février 1854.

Son père adoptif, petit-fils du général Bard, est notaire à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) et député républicain de Saône-et-Loire en 1849. Il fait voter pour l’abolition de la peine de mort. Puis il quitte la vie politique, après le coup d’État du 2 décembre 1851. Employé alors au Crédit Foncier, il veille sur les études de son fils évoquant son talent de parole, « prélude des carrières les plus brillantes ».

Alphonse Bard est lauréat du concours général des lycées avec deux prix en philosophie, puis licencié ès lettres en 1869. Il devient docteur en droit en 1874 puis avocat à la cour d’appel de Paris. En mars 1872, c’est le secrétaire de la conférence qui co-écrit un des premiers livres sur la constitution de 1875. Il la compare avec les constitutions étrangères. Puis il commence sa carrière de magistrat comme substitut de la République à Marseille puis à Paris en 1879. Il s’y livre avec zèle à l’exercice de la plaidoirie et devient substitut du procureur général en 1884.

Puis il est directeur des Affaires civiles et du Sceau au ministère de la Justice, en 1888. Ensuite, il devient, le 16 avril 1892, conseiller à la Cour de cassation. Rapporteur du dossier Dreyfus devant la chambre criminelle, le 22 octobre 1898, il invite ses collègues à rester « insensibles aux menaces comme aux outrages ». Avec le président Loew et le procureur général Manau, on les qualifie, en janvier 1899, de « trio de coquins ». Henri Rochefort dénonce « l’indignité des filles de brasserie de la Cour de cassation ». La Libre Parole publie les adresses des magistrats.

Dans l’enquête qui précède le dessaisissement de la chambre criminelle, on interroge des conseillers antidreyfusards et des témoins sur le comportement des magistrats pendant leurs délibérations. Après la seconde condamnation, il confie, en 1902, à l’avocat d’Alfred Dreyfus, Me Mornard, qu’en rester à la solution de la grâce, « ce serait la faillite de la justice ».

Président de la chambre criminelle en mars 1905, Alphonse Bard prend sa retraite vingt ans après. Il achève, en 1927, un long manuscrit sur l’Affaire. Il y dénonce le procès de Rennes et la manière dont on a embrouillé l’affaire.

Alphonse Bard décède à Paris, le 27 juillet 1942, laissant tous ses biens à l’Assistance publique. Le garde des Sceaux du gouvernement de Vichy fait poser des scellés sur son domicile où se trouvent de « nombreux dossiers consacrés à l’affaire Dreyfus ».

Distinctions : chevalier (10 juillet 1888), officier (22 janvier 1901), commandeur (20 juillet 1909), grand-officier (11 octobre 1924) de la Légion d’honneur.

Sources : Base Léonore (Légion d’honneur). Date de création : 2021-09-02.

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Date de la dernière mise à jour : 5 janvier 2024