Gabriel Jouveau-Dubreuil voit le jour à Saigon (Vietnam, alors français), le 1er janvier 1885. C’est le fils d’un médecin de la marine. Il entame une carrière au ministère des Finances.
A Paris, il fréquente le Louvre mais aussi le « musée des religions » d’Émile Guimet, où naît sa fascination pour le monde indien. En 1909, il obtient un détachement dans les établissements français de l’Inde, comme professeur de physique au collège colonial de Pondichéry.
Là, infatigable, il consacre ses congés à une exploration méthodique du sud du Dekkan, le pays dravidien. Il visite les centres religieux et participe aux fêtes, dans l’Inde des villages. C’est la révélation de sa vocation : il sera indianiste.
Il amasse en trois ans la documentation d’une thèse de doctorat. En 1914, il la publie sous le titre Archéologie du Sud de l’Inde. Il préfère le dessin à la photographie pour décrire les monuments. De plus, il se rend aussi souvent que possible dans les temples en construction. Il y documente les techniques de fabrication, l’organisation du travail et l’iconographie.
En mai 1914, fort du succès d’Archéologie du Sud de l’Inde, il est élu membre, à 28 ans, de la prestigieuse Société asiatique. Dispensé des obligations militaires, il passe les années de guerre entre le travail d’érudition et la salle de classe. Il accumule alors une quantité impressionnante de découvertes.
Il en tire une série d’études sur les dynasties anciennes du Dekkan, publiées dans la Revue historique de l’Inde française, et un essai fondamental intitulé « Les antiquités de l’époque pallava » (1917-18).
Intrigué par les grottes excavées du Malabar, il y découvre, de 1919 à 1921, les peintures pallava de Sittannavasal et les fresques de Bedsa (2ème siècle). Il découvre aussi et des grottes du temple de Tirumalaipuram à Kandayanallur (époque pandya), ainsi que les quatre cavernes de Mennapuram.
De ces expériences naît un ouvrage controversé, Vedic Antiquities (1922). Sévèrement critiqué, notamment en France, il délaisse alors l’écriture pour la fouille archéologique. Dans ce domaine, son flair devient légendaire. Ses intuitions sont récompensées par des découvertes spectaculaires, comme celle des fresques pallava du Kailasanatha de Kanchipuram (1931).
Puis il commence à fouiller en Afghanistan, à Begram. Mais il doit quitter le pays à cause d‘une révolte locale, au bout de quelques mois.
Revenu en Inde, il tourne alors son attention vers l’ancien royaume des Andhra. A Goli, sur les bords de la Krishna, il excave un petit stupa au revêtement de pierre richement sculpté. Puis à Nagarjunakonda et à Ghantashala, il met au jour de nombreux bas-reliefs datant des IIe et IIIe siècles.
Désormais, il est sollicité et honoré de toutes parts. L’université de Cambridge lui demande ainsi d’écrire l’histoire ancienne du Dekkan. En 1928 , il met au jour les imposantes fondations du Fort Louis, en plein centre de Pondichéry.
A partir de 1935, ses travaux sur Pondichéry s’orientent autour de deux pôles : l’histoire coloniale (Dupleix ou l’Inde conquise, 1941) et le passé antique du comptoir.
En 1939, alors qu’il prospecte le site d’Arikamedu, à quelques kilomètres de chez lui, il trouve une petite intaille ovale … qui porte sur l’effigie de l’empereur Auguste ! Les fouilles d’Arikamedu, entamées en 1940, livrent les vestiges d’un établissement commercial avec des entrepôts, un port maritime et de nombreux objets témoignant d’échanges avec l’Empire romain. Ces fouilles sont menées par sir Mortimer Wheeler puis par Jean-Marie Casal.
Il quitte définitivement l’Inde, le 9 mars 1941. Contraint par la guerre à se rendre en métropole, il s’y retrouve bientôt à court d’argent et sans possibilité de repartir. Il s’éteint à l’âge de 60 ans, le 14 juillet 1945.
Publications :
- Archéologie du Sud de l’Inde Vol. 1 Vol. 2 ;
- Histoire ancienne du Deccan ;
- Les Pallavas ;
- Antiquités Pallava.
Sources : Jouveau-Dubreuil – Agorha. Date de création : 2025-06-30.
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